Vers un fleurissement communal durable

Vive les plantes vivaces ! 

Si pour certains l’image du fleurissement communal est encore associé aux jardinières plantées et aux parterres regorgeants d’annuelles colorées, de plus en plus de communes wallonnes ont bien compris l’intérêt de se tourner vers un fleurissement plus durable, qui fait la part belle aux plantes vivaces. 

Les avantages d’intégrer des plantes vivaces dans les parterres, massifs ou plantations hors sol sont nombreux : leur diversité de caractéristiques (hauteur, feuillage, couleur, floraison, texture...) permet de créer des compositions attrayantes au fil des saisons. De plus, leur utilisation peut représenter un réel gain de temps là où les annuelles imposent une période où tout est à faire au même moment.

Le temps gagné peut ainsi être consacré à d’autres tâches. La longévité des plantes vivaces permet aussi de réelles économies sur le long terme. Plantées aux pieds des arbres ou arbustes, elles permettront également une meilleure infiltration des eaux pluviales, réduiront le travail de désherbage et renforceront la présence de gîtes et couverts diversifiés pour la faune utile. 

Visite WEF 2022-Comines Warneton
Visite Wallonie en Fleurs - 2022 Comines Warneton  

Retour d'expérience de la commune de Beauvechain

Pour cet article nous vous proposons le retour d’expérience de la commune de Beauvechain qui investit dans le fleurissement durable depuis plus de 10 ans. Vincent Bulteau, conseiller en environnement et Matthias Delvaulx, chef d’équipe du service espaces verts ont accepté de répondre à nos questions. Ils nous en parlent ! 

Depuis combien de temps la commune de Beauvechain s’est-elle tournée vers des parterres de vivaces ? Comment a été motivé votre orientation vers ce type de fleurissement ?  

En 2011, nous avons souhaité inscrire la commune dans le "Plan Maya" et avoir une réflexion plus globale pour tendre vers le “ zéro phyto”. À l’époque, nous avons étudié les pistes pour limiter l’entretien des espaces verts tout en se passant de produits phytosanitaires.  

Il était important d’épargner du temps de travail aux équipes d’entretien face à ces nouveaux modes de gestion. La plantation de parterres de vivaces plus durables dans le temps et demandant moins d’entretien faisait donc partie des solutions, tout comme pouvait l’être l’enherbement des cimetières. Tout cela permettant, de plus, d’inscrire des actions en faveur de la biodiversité.

Quelles ont été les éventuelles difficultés rencontrées dans le changement de pratiques ? 

Si cela demande une certaine maitrise, réflexion et un investissement en amont, nous n’avons pas hésité à nous faire accompagner dans les premiers temps. Au début, nous n’avions pas toutes les connaissances en interne, c’est pourquoi la commune s’est tournée vers des structures offrant un accompagnement gratuit. Par exemple, Ecowal, pour la réalisation de plans d’aménagements personnalisés ou par le biais de formations de nos équipes sur des thématiques pouvant faire évoluer les bonnes pratiques sur le terrain (comme celles dispensées chez Adalia 2.0 - voir ici). 


A titre de bon exemple, nous pouvons citer un aménagement réalisé près de la salle des mariages où se trouvait une pelouse (terrain pentu) qui devait être tondue régulièrement (difficulté physique et perte de temps considérable d’entretien). À la suite des propositions d’Ecowal un parterre de vivaces mellifères y a été installé, répondant ainsi aux désidératas de la commune : facilité d’entretien, réduction du temps à y consacrer, intérêt et esthétisme présent toute l’année (étant dans une zone de prestige) mais aussi durable dans le temps. Ce parterre est encore viable aujourd’hui, si ce n’est le remplacement de certains plants en fin de vie et quelques soucis de ravageurs (campagnol) à maitriser. 

Parterres à Beauvechain
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Parterres à Beauvechain
Parterres à Beauvechain

 

Avec l’expérience, votre commune a-t-elle aujourd’hui plus de facilité à mettre en place ce type d’aménagements ? 

Au fil des années et avec l’accompagnement reçu, nous sommes maintenant à même de confier la conception et la sélection des végétaux à l’équipe « espaces verts ». En plus d’avoir réorganisé le service en cours de route : le nouveau chef d’équipe, arrivé l’an dernier, a pris les choses en main. Il a élaboré et défendu la sélection de végétaux auprès de la commune pour l’année à venir. 
 

Y’a-t-il un l’impact sur le budget ? 

L’investissement de base peut être un peu plus conséquent lors des premières années de mise en place. Néanmoins cela permettra la réalisation d’économies sur le moyen terme que ce soit en gain de temps sur l’entretien mais aussi dans l’achat des plantations qui se réduit au remplacement et aux nouveaux aménagements ! 
 

Pratiquez-vous encore du fleurissement d’annuelles ?

L’utilisation d’annuelles est à l’heure actuelle strictement réservé à des plantations en bacs, aux abords de l’administration communale ou de manière très ponctuelle dans des parterres ou bacs situés en zone de prestige. Cependant une réflexion sur les variétés d’annuelles et le type de contenants utilisés est menée. Les variétés sélectionnées répondent à certains critères tel que leur longue floraison, leur tolérance à la sécheresse... Et pour certaines leur intérêt pour les pollinisateurs. Les bacs utilisés veillent quant à eux à une meilleure diffusion de l’eau d’arrosage. 
 

En termes de gestion et de planning qu’est-ce qui a changé ? Quel type d’entretien est pratiqué dans ces parterres ?

Selon notre expérience, il y a plus d’avantages que de contraintes au niveau du planning lorsqu’on se tourne vers ce genre d’aménagement. Les aménagements composés en grande partie d’annuelles ou, en tout cas, réaménagés chaque année requièrent des périodes de travail intensif aux printemps et en été. Cela implique souvent l’engagement de travailleurs saisonniers. Au contraire, l’implantation de parterres de vivaces pérennes permet d’échelonner les travaux d’aménagements et d’entretien sur de plus longues périodes. Il est à souligner que les périodes les plus chargées seront l’automne et l’hiver pour les plantations. Quant à l’entretien, la phase importante se situera aux alentours de la mi-mars quand les plants de vivaces sont réduits. Nous trouvons également un intérêt esthétique à laisser les structures de végétaux séchés durant l’hiver. Cela renforce la présence graphique dans les parterres et représente un intérêt pour la faune. 
 

Quels sont, selon vous, les avantages de se tourner vers ce type de fleurissement ? 

  •  Le gain de temps en termes d’entretien
  • L'intérêt pour la biodiversité si la sélection de plantes est bien réfléchie. Il est important de penser à la diversité des plantes utilisées.
  • L'esthétique et l’intérêt visuel toute l’année (en laissant la structure des plantes en hiver).
  • La durabilité

Rencontrez-vous des freins/réticences de la part de vos équipes de terrain et vos citoyens sur ce type d’aménagements ? 

Face aux éventuelles réticences ou incompréhensions de certains membres de l’équipe, nous tâchons de les amener à comprendre le bien fondé de leurs actions et de leur travail. Le chef d’équipe joue un rôle essentiel dans la motivation de l’équipe. Il représente, selon nous, un véritable coach car il essaye de transmettre sa passion, les accompagne, tente de faire ressortir les compétences de chacun et n’hésite pas à leur montrer le fruit de leur travail. Cela représente un investissement en temps non négligeable mais qui, à coup sûr, est payant sur le long terme.  
Si dans les débuts cela a pu soulever quelques questionnements de la part de citoyens cela semble être bien accepté de manière générale.  A l’heure actuelle plus aucune remarques ou plaintes ne sont remontées.  
 

Observez-vous une meilleure résistance à la sécheresse dans vos parterres ? 

Pour que nos parterres soient le plus résistants possibles, nous prenons en compte certains éléments importants dès leur conception : 

  • ll faut penser à la sélection des plantes (vérifier leur résistance et leur compatibilité aux conditions (sol, exposition...) mais aussi respecter, tant que possible, la période de plantation. C’est-à-dire en automne, leurs racines pouvant ainsi s’installer correctement et être plus résistantes au printemps et l’été suivant. Ce qui ne sera pas le cas pour des plantations effectuées en avril-mai et encore moins au mois de juin. 
  • La densité de plantation est un paramètre à ne pas négliger non plus. Le parterre doit être planté en quantité suffisante et avec une belle diversité de plantes. Cela permettra non seulement une meilleure résistance du parterre, mais concurrencera également le développement d’adventices indésirables.  

Auriez-vous un conseil particulier pour les communes qui souhaitent elles aussi se lancer dans la transition vers plus de plantes vivaces ? 

Nos principaux conseils pour démarrer sont : 

  • Identifier les zones d’entretien difficiles et contraignantes afin d’agir à ces endroits en priorité. 
  • Se faire accompagner par des personnes ressources dans les premiers temps pour une bonne mise en place de la stratégie. 
  • Prévoir des petits projets facilement réalisables comme l’aménagement de bacs pour les chicanes de ralentissement qui peuvent aussi permettre d’effectuer des tests à moindre investissement. 
     

Quels sont vos prochains challenges en termes de fleurissement durable ? 

  • Nous prévoyons de renforcer la proportion de plantations d’espèces indigènes sur l’ensemble du territoire communal. 
  • Nous avons pour intention de continuer à investir dans la formation des équipes
  • Enfin, nous projetons d’établir un référencement complet des plantations et de créer un planning encore plus détaillé des moments d’intervention, d’entretien, de remplacement... Pour les différents aménagements actuels et futurs.  
     

Merci à Vincent Bulteau et Matthias Delvaulx de la commune de Beauvechain pour leur partage d'expérience ! 


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Pour conclure

Comme cela a pu être détaillé, ci-avant, les plantes vivaces ont bien leur place dans les aménagements fleuris de nos villes et villages. Cependant, il faudra être attentifs à leur sélection pour garantir leur pérennité et les intérêts écologiques de leur utilisation. Il est donc important de s’assurer de leur comptabilité avec l’environnement dans lequel elles vont être implantées et les contraintes d’utilisation du lieu. 

Quelques illustrations :

Voici quelques prises de vue dans le cadre du concours “Wallonie En Fleurs” mettant à l’honneur l’utilisation de vivaces. 

Mosaïque de photos WEF

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Pour aller plus loin

Un articlé réalisé par Perrine Lombaerts, Conseillère technique pour les professionnels et chargée de projet Wallonie en Fleurs.