A l’approche des beaux jours, de nombreuses administrations communales s’apprêtent à lancer leurs commandes de plantes pour la réalisation des bacs et jardinières qui fleuriront, cette année, leurs places et leurs rues. 

Et si c’était l’occasion de mettre en place un fleurissement plus durable ? 

Dans le cadre de la labélisation “Wallonie en fleurs”, l’usage de suspensions ou de bacs garnis avec des plantes annuelles est toujours questionné en tant que tel. En effet, ce type de fleurissement est peu durable : il rend peu de services écosystémiques (accueil de la biodiversité, infiltration des eaux, trame écologique etc.), et est exigeant en matière de main d’œuvre et de ressources (renouvellements des plants, arrosage etc.)...  

Les suspensions garnies d’annuelles seront donc, si possibles, à éviter, ou à réserver aux zones dites “de prestige”. 

Classiques mais très peu écologiques, l’usage de jardinières garnies d’annuelles est à questionner lorsque l'on vise un fleurissement durable.

Vers un fleurissement en pleine terre 

Chez Adalia 2.0, nous vous conseillons toujours de privilégier un fleurissement en pleine terre, ainsi que l’usage de plantes vivaces. Dans un premier temps, celle-ci peuvent être éventuellement combinées à des annuelles pour une meilleure acceptation par la population. En effet, dans les communes ayant toujours pratiqué le fleurissement avec des bacs d’annuelles classiques, la transition vers un fleurissement différent demande un peu de temps et un accompagnement :  la mise en œuvre de nouvelles pratiques implique certains changements d'organisation, de nouveaux investissements... Et il est parfois nécessaire de bien communiquer avec la population, parfois encore très habituée à un fleurissement traditionnel. Cependant, les communes qui ont passé le cap, témoignent au final de l’acceptation par les habitants et des retours très positifs de leur part après quelques temps.  

Bonnes pratiques lors d’un fleurissement hors sol au niveau communal 

Lorsque la végétalisation “pleine terre” n’est pas possible, plusieurs pratiques peuvent être mises en œuvre pour améliorer l’impact du fleurissement en bac, tant au niveau de la sélection de plantes que dans l’installation. 

Pour une mise en œuvre optimale. 

• Pour permettre une meilleure installation des racines et incorporer des plantes plus pérennes, privilégiez les contenants de grandes tailles,  

• Choisissez des bacs fait de matériaux limitant l’évaporation, ou des bacs à doubles parois et évitez les bacs légers en plastique, 

• Utilisez un terreau adapté aux jardinières, contenant de hydro-rétenteurs, 

• Prévoyez un paillage organique de vos jardinières (miscanthus par exemple). 

A gauche : mélange de graminées, de vivaces et de plantes annuelles dans de grands bacs en bois pour le fleurissement d’une zone de prestige, Tenneville 2023.

... Revoir le choix des plantes 

Traditionnellement, les jardinières et suspensions étaient composées de “géraniums” annuels (de leur juste nom “pélargonium”), pétunias, surfinias, bacopas, etc. Malgré leurs longues floraisons, ce type de plantes annuelles n’est pas optimal en matière de diversité botanique et d’accueil des pollinisateurs : souvent d’origine exotique, ou sélectionnées pour augmenter l’attrait visuel de leurs fleurs et couleurs, ces plantes sont peu adaptées à nos insectes pollinisateurs : une occasion manquée de soutenir la biodiversité dans nos espaces publics. De plus, leur caractère “annuel” exige de vos équipes un renouvellement saisonnier, source d’une charge de travail non négligeable.  

A gauche : nos insectes polinisateurs sont souvent associés à nos plantes indigènes ; les plantes annuelles d’origine exotique, elles, n’y sont pas toujours adaptées : une occasion manquée pour la biodiversité.

Un changement de pratiques pour Intégrer des plantes vivaces mellifères... 

Petit à petit, les pratiques changent. De plus en plus de communes utilisent maintenant des vivaces pour leurs plantations en conteneurs : graminées, bulbes, gauras et verveines de Buenos Aires... font de plus en plus parties de nos paysages urbains ! Ces plantes sont de bons atouts en matière de végétalisation durable... Spécifiquement si elles sont utilisées dans l’idée d’être conservées sur plusieurs années dans de grands bacs ! 

 Verveine de Buenos Aires, gauras et graminées font de plus en plus parties de nos aménagements urbains.

Chaque commune possède sa propre marge de manœuvre, mais si cette nouvelle saison était l’occasion de mettre en place des bacs ou des suspensions encore plus pérennes ?

A gauche : de plus en plus de communes wallonnes optent pour un fleurissement plus durable aussi en bacs et jardinières -  (gauche : Lasne 2023, photo Alain Coppens ; droite : Andenne 2023). 

Dans ce cas, en fonction de la taille de vos contenants, vous pourrez y associer différentes vivaces très florifères :  Erigéron karvinskianus,  Echinacea purpurea, ou Géraniums vivaces par exemple. Ce type de plantes coute à la pièce un peu plus cher que les annuelles habituelles, mais vous aurez besoin de moins de pieds pour la même surface, et surtout elles resteront en place années après années.  

Vivaces mellifères à longue floraison : Géranium ‘Rozanne', échinacée pourpre et erigeron karvinskianus.

Si la transition vers des bacs complètement pérennes n’est pas encore possible cette année, vous pourriez aussi utiliser dans vos suspensions, en complément à vos annuelles, des petites vivaces mellifères.

A gauche : Gauras et stipas associés à des annuelles dans une jardinière - Neupré. 

 

 

 

 

 

A gauche : Erigeron retombant avec pélargonium et surfinia... - Comines-Warneton.

 

 

 

 

 

 

 

 

 ... Mais aussi des plantes indigènes 

L’idéal reste évidemment l’installation de des vivaces indigènes : de cette manière, vous renforcerez le caractère mellifère de vos suspensions ou jardinières.  Selon la taille de vos bacs, remplacez une ou l’autre variété par des vivaces indigènes.

Le géranium des prés, la scabieuse colombaire ou l’achillée millefeuille font parties des plantes indigènes dont l’achat est subsidié dans le cadre du subside BiodiverCité.

De même l’œillet des chartreux, le géranium sanguin et la sauge des prés font partie des vivaces indigènes florifères et résistantes à la sècheresse, qui peuvent s’intégrer dans vos bacs - (photos Ecowal). 

Et la saison suivante... 

Lorsque vous utilisez des plantes vivaces dans vos bacs, si leur mise en œuvre est adéquate, vous pouvez les conserver année après année dans leur conteneur. Prévoyez tout de même un éventuel regarnissage ou un remplacement quand c’est nécessaire. 

Pour un effet de structure et une végétalisation 4 saisons, installez aussi de petites graminées, (pennisetum, stipa tenuissima, festuca glauca, Koeleria glauca...) des plantes retombantes et des bulbes printanières, ou même des petits arbres et arbustes si la taille de vos bacs le permet : Euonymus fortunei ‘Emerald Gaiety’ ou ‘Emerald Gold’ (en toute exposition) Photinia x fraseri Little Red Robin ou Viburnum tinus Gwenllian (soleil ou mi-ombre, Viburnum davidii ou Skimmia japonica (à l’ombre). Vous combinerez ainsi un effet de structure et un accueil de la faune pollinisatrice tout au long de l’année.  

Ci-dessus, quelques exemples de petites graminées pour vos plantations en bacs : stipa tenuissima, Pennisetum alopecuroïdes, Festuca glauca.

Ci-dessus, quelques plantes ou bulbes mellifères à floraison précoces pour l’effet saisons dans les bacs : Hellébore orientale, Crocus de Thomas et jonquille sauvage - Photos Ecowal).

Dans tous les cas, attention à la composition et à l’équilibre de vos bacs :  s’il s’agit de suspensions placées en hauteur, conservez des plantes retombantes pour masquer les parois des bacs, et veillez à utiliser plusieurs types de feuillages et de ports.  

Ci-dessus, quelques exemples de vivaces au feuillage et au port intéressant convenant en jardinière : Glechoma hederacea 'Variegata' ; Carex ‘Prairie Fire’ ; Hedera helix ‘Glacier”.

Ci-dessus, détails d’arbustes persistant au petit développement, convenant pour des plantations en grand bacs : Euonymus japonicus, vibunum tinus,  skimmia japonica.

Attention cependant à ne pas planter trop densément par rapport à la taille de votre conteneur : plus encore que les annuelles, les plantes vivaces et graminées vont s’étoffer au cours de la saison et année après année : laissez leur l’espace nécessaire et elles pourront exprimer tout leur potentiel. 

Dans ce grand contenant, 2 plants de géraniums vivaces et une jolie graminée suffiront à habiller l’espace. Ici, à Jodoigne, le Geranium Rozanne, un classique dont la floraison peut s‘étaler de mai jusqu’au premières gelées. A associer à des bulbes printaniers pour augmenter la période d’intérêt. 

Pour aller plus loin :  

• N’hésitez-pas à consultez les pépiniéristes de votre région, pour des conseils personnalisés : Les Artisans du Végétal - Horticulteurs et pépiniéristes 
• Vous trouverez sur le site d'Ecowal des listes très intéressantes de plantes horticoles mellifères : Plantes horticoles et exotiques mellifères ; et des listes de plantes indigènes (subsidiable via BiodiverCité) : Plantes indigènes.  

Vous pouvez aussi faire appel à eux, gratuitement, pour la conception de vos jardinières et de vos parterres intégrants vivaces et indigènes. 

• Pour en savoir plus sur le subside BiodiverCité pour l’achat de plantes indigènes : Subvention BiodiverCité | Agir | La biodiversité en Wallonie).

• Consultez aussi notre page sur les pollinistaurs :  Les pollinisateurs | Adalia 

Un article réalisé par Maïlys Duque, chargée de projet Wallonie et Fleurs