Le début de l’automne annonce tout doucement la fin de la période de vol des pollinisateurs. Avec les températures qui s’adoucissent, les abeilles, papillons et autres insectes butineurs se font de plus en plus discrets mais ils ont encore besoin de récolter du pollen et du nectar pour eux-mêmes ou leur progéniture. Cependant, à partir du mois d’octobre le nombre de plantes encore en fleur diminue drastiquement. C’est donc une période cruciale pour nos amis ailés qui sont à la recherche des dernières ressources de la saison. Un fleurissement réfléchi pour cette période leur sera d’une grande aide.
Les plantes indigènes utiles aux pollinisateurs en automne
On ne le répètera jamais assez mais le must du must, le 5 étoiles des pollinisateurs ce sont les plantes indigènes. La végétation sauvage et indigène correspond en tout point aux besoins de nos pollinisateurs, que ça soit en termes de qualités nutritives des ressources, de correspondance entre la période de vol et la période de floraison ou de morphologie. Il est donc indispensable de les privilégier avant tout. Voici donc quelques exemples de plantes à mettre en place dans son jardin.
- Le lierre grimpant (Hedera helix) :
S’il y a une plante à citer pour l’automne, c’est le lierre grimpant (Hedera helix) !
Cette plante indigène au feuillage persistant fleurit tardivement et est très mellifère. Les insectes s’y ruent pour y trouver du pollen et du nectar. Abeilles, papillons, guêpes, mouches, coléoptères, tout le monde veut profiter de ses ressources. Le lierre sera particulièrement indispensable à une espèce d’abeille : Colletes hederae (la collette du lierre). Cette abeille sauvage de nos régions récolte du pollen presque exclusivement sur le lierre.
En plus d’être mellifère, rappelons que le lierre est aussi très utile en plante couvre-sol et, après sa floraison, il restera utile en fournissant de la nourriture, notamment pour les oiseaux. Enfin, il augmente le couvert végétal et participe au rafraîchissement des villes. N’hésitez pas à consulter notre article pour en savoir plus : www.adalia.be/le-lierre
- La callune (Calluna vulgaris):
La callune, ce sous-arbrisseau typique des milieux acides, inonde les paysages où elle forme des landes de ses petites fleurs mauves-roses. Les abeilles mellifères, les bourdons et des abeilles spécialistes (qui se nourrissent sur un nombre restreint de plantes) se rencontrent régulièrement sur ses petites fleurs. En dehors de sa période de floraison elle gardera ses feuilles pour former des massifs verts.
Certaines espèces de bruyères (genre Erica), des plantes très proches des callunes, peuvent fleurir à partir du mois de décembre et ainsi offrir des ressources pour les premiers pollinisateurs du printemps.
- La verge d’or (Solidago virgaurea) :
La verge d’or, tout comme beaucoup d’espèces de la famille des Asteraceae seront très profitables à certaines espèces spécialistes comme les abeilles du genre Colletes. On y retrouvera aussi quelques espèces généralistes (qui se nourrissent sur de nombreuses espèces de plantes), des papillons et des syrphes. La verge d’or fleurit jusqu’en octobre, elle demande un sol neutre et ensoleillé.

Attention ! Certaines espèces de solidages sont invasives (Solidago gigantea et S. canadensis). Ces dernières sont généralement plus grandes, avec des inflorescences (capitules) plus petites mais plus nombreuses et réunies en longs panicules. Assurez-vous que l’espèce que vous introduisez dans votre jardin est bien l’espèce indigène (Solidago virgaurea).
Les plantes spontanées à préserver dans le jardin
Bien d’autres espèces indigènes sont présentes à l’automne mais en quantités plus restreintes car leur pic de floraison est passé. En fonction des conditions météo certaines floraisons peuvent être constatées plus tard qu’attendu.
Le manque de nourriture se faisant ressentir, préserver un maximum de diversité dans son jardin est la clef pour satisfaire aux derniers pollinisateurs de la saison. En effet la diversité palliera la faible quantité encore disponible chez chacune des espèces.
Çà et là on retrouvera de l’achillée millefeuille (Achillea millefolium), de la morelle noire (Solanum nigrum), des vergerettes rudes (Erigeron strigosus), des silènes (Silene latifolia), quelques liserons (Convolvulus arvensis, n’en déplaise aux jardiniers qui préfèreraient qu’elle n’envahisse pas leurs cultures), l’alysson blanc (Berteroa incana), de la tanaisie (Tanacetum vulgare), quelques légumineuses (trèfles, luzernes, mélilots, etc. ) et bien d’autres encore.
En cette fin de saison, pensez donc à être plus tolérant envers la végétation spontanée de vos jardins et potagers.
Les plantes horticoles intéressantes pour les pollinisateurs
Comme nous l’avons déjà mentionné, il faut avant tout privilégier la flore indigène. Cela dit, certaines plantes d’ornement, bien qu’exotiques, sont aussi connues pour être profitables aux insectes butineurs. Par ailleurs, plusieurs espèces intéressantes fleurissent encore au mois d’octobre.
La menthe des montagnes fait partie de la famille des Lamiaceae généralement très intéressante pour les pollinisateurs. C’est la même famille que le thym, le romarin, le basilic, les lamiers et bien d’autres espèces.
Aimant les sols alcalins et ensoleillés, elle est peu consommatrice en eau. Sa floraison mauve pâle s’intègre facilement dans les massifs de vivaces.
Fleurissant de juillet à octobre elle permet à de nombreux insectes de se nourrir et de nourrir leurs progénitures.
Quel magnifique nom pour une plante jaune que de s’appeler “soleil”. Appartenant à la famille des Asteraceae, le soleil vivace à petites fleurs apporte un peu de hauteur grâce aux inflorescences qui peuvent atteindre 150 cm de hauteur. Comme peut le laisser penser son nom, elle préfère un bel ensoleillement sur un sol neutre.
Les fleurs, disponibles d’août à octobre permettent un accès facile au pollen et au nectar y compris pour les insectes à langue courte comme les syrphes.

Attention! Une autre espèce, Helianthus tuberosus, plus connu sous le nom de topinambourg est invasif ! Bien qu’intéressant en tant que légume, vous risquez de vite vous retrouver envahi si vous décidez d’en planter.
Son milieu naturel étant les lisières et les sous-bois, l’actée en épis demande un sol neutre à la mi-ombre. Ses nombreuses fleurs blanches peuvent atteindre 80 cm de hauteur. Elles satisferont les derniers bourdons de la saison et les abeilles mellifères qui sont encore actives en octobre.
Et si nous préparions déjà le terrain pour le printemps ?
Si la végétation de l’année se fait de plus en plus discrète, ce n’est pas pour autant qu’on ne peut pas préparer l’année à venir. En effet, certaines plantations peuvent déjà se réaliser en automne
- Les bulbes:
L’automne, c’est le moment idéal pour planter vos bulbes de printemps ! De septembre à novembre pensez à installer des jonquilles (Narcissus pseudonarcissus), perce-neige (Galanthus nivalis), jacinthes des bois (Hyacinthoides non-scripta) ou encore des ornithogales (Ornithogalum umbellatum).
- Plantation d’arbres et arbustes :
Comme le rappelle l’adage : “à la Sainte-Catherine, tout arbre prend racine”, le mois de novembre est donc propice à leur plantation. Bien que souvent oubliées dans les plantes mellifères, les arbres représentent une importante ressource en pollen et en nectar. Les saules fleurissent tôt et sont très nourrissants. Les cerisiers, pommiers, framboisiers et autres fruitiers profiteront autant aux pollinisateurs qu’aux jardiniers.
Astuce ! Durant la semaine de l’arbre, de nombreuses communes distribuent gratuitement des plants, c’est l’occasion idéale pour vous en fournir.
- Les prairies fleuries :
Les prairies fleuries se sèment au printemps ou au début de l’automne. De plus en plus l’automne est préféré grâce à son humidité plus constante, au contraire des printemps qui sont plus incertains et parfois très secs. Par ailleurs, la prairie fleurira plus vite au printemps. À tous les amoureux des fleurs, c'est maintenant qu'on sème.
En conclusion :
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Les fleurs d’automne sont indispensables aux pollinisateurs
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Favorisez la végétation spontanée indigène
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Limitez l’utilisation de produits phyto
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Préparez votre jardin pour la prochaine saison avec des bulbes, des arbres ou une prairie fleurie.
Un article de Pierre-Laurent Zerck, conseiller technique chez Adalia 2.0
Sources :
- Un jardin pour les abeilles sauvages. Comment les accueillir, les observer, les protéger (M.Terzo et N. Vereecken).
- Fleurs sauvages et prairies fleuries pour nos pollinisateurs. Guide technique et choix de mélanges. (SPW Éditions, BONNES PRATIQUES)
- Vers un fleurissement favorable aux pollinisateurs. (SPW Éditions. Collection espace vert, N°2.)
- Découvrir & protéger nos abeilles sauvages. (N. Vereecken, Glénat)