Vous habitez en ville, mais vous rêvez d’avoir un balcon ou jardin qui laisse plus de place à la nature ?  Avez-vous déjà eu envie d’avoir un jardin ou un peu de nature sur votre balcon, de fleurir les rebords de vos fenêtres, ou de verdir votre terrasse, tout en pensant que vous n’aviez pas l’espace ou les connaissances requises ? Sachez qu’accueillir la biodiversité sur votre balcon, c’est possible !  

Pourquoi est-ce important ?  L’une des grandes causes du déclin de la biodiversité est le morcellement des habitats. Les jardins de ville ont donc toute leur importance pour les espèces qui fréquentent ces milieux parfois hostiles.  

Certes, jardiner en ville relève souvent du défi car les contraintes sont nombreuses : trop ou trop peu d’ensoleillement, manque d’espace, sol non cultivable, vent, chaleur des îlots urbains … tant de facteurs qui sont à prendre en compte pour créer un espace plus naturel et résilient.  

1. Analyse de son espace disponible : optimiser son balcon pour la biodiversité 

Vous souhaitez végétaliser votre balcon mais l’espace vous semble limité ? Pas de souci ! Il suffit d’exploiter intelligemment chaque recoin pour en faire un endroit fonctionnel et accueillant pour la nature. 

• Jouer sur la verticalité des supports en profitant des murs, des bords de fenêtres ou même envisager la construction de supports tels qu’une palissade ou une pergola. Certaines plantes grimpantes n’ont pas besoin de treillis pour s’accrocher au support, telle que l'hortensia grimpant (Hydrangea petiolaris).  

• Si vous avez un endroit fortement exposé au vent, vous pouvez atténuer la force du vent dominant en plaçant un treillis avec des plantes grimpantes ou des arbustes qui joueront le rôle de brise-vent.  

• Le choix du pot est essentiel pour garantir la bonne croissance des plantes. Les pots ont l’avantage d’être mobiles mais manquent parfois de volume. Plus le contenant est petit, plus les racines seront exposées aux variations de température et d’humidité. Si vous voulez planter plusieurs plantes vivaces ou des arbustes, préférez des bacs ou des jardinières plus gros.  
   
• Comme substrat de culture vous pouvez acheter du terreau en jardinerie qui a l’avantage d’être léger et riche en matière organique. Mais sachez que le terreau se décompose avec le temps et a tendance à sécher rapidement. Nous vous conseillons plutôt de commencer par verser de la bonne terre de jardin qui apportera de la vie et des sels minéraux. Ensuite, apportez autant de terreau que de terre et mélangez les deux en surface. Attention à ne pas apporter trop de terre lourde qui peut s’avérer une charge trop importante pour le balcon. 

• La gestion de l’eau est un facteur important à maîtriser pour ces types de plantations. En effet, si vous ne voulez pas voir vos plantes grillées lors des chaleurs estivales il va falloir mettre en place plusieurs techniques. Si votre terre ne contient que peu d’argile, placez au fond des contenants des billes d’argile qui pourront retenir un peu d’humidité. Quand vient le moment d’arroser, n’hésitez pas à faire tremper la motte ou d’arroser abondamment vos plantes (de préférence le soir) et d’espacer suffisamment les arrosages. En cas d’absence prolongée, pour les plantes les plus fragiles, prévoyez une réserve d’eau avec un système de goutte à goutte ou plantez un oya (réservoir en terre cuite poreuse) et remplissez-le avant de partir afin de maintenir de l’humidité proche des racines. Enfin, mettez une bonne couche de paillis autour des plantes dès les premiers jours d’été afin de limiter l’évaporation en surface.  

2. Choix des plantes  

Si vous souhaitez végétaliser votre balcon tout en favorisant la biodiversité, privilégiez les arbustes et les plantes vivaces. Ils demandent peu d’entretien, offrent un refuge aux insectes et oiseaux, et embellissent durablement votre espace. 

Anticipez leur croissance : on sous-estime souvent la place que prendront les arbustes au fil des années. Sélectionnez des espèces qui supportent bien la taille et s’adaptent aux petits espaces.  

Exemples recommandés : le troène commun (Ligustrum vulgare)  ou le fusain d’Europe (Euonymus europaeus)  

Plantez, si possible, en automne pour que leurs racines se développent avant la belle saison.  Attendez le mois de mars ou avril pour semer ou repiquer vos plantes annuelles (hors gel) telles que les capucines, la roquette, le basilic.  

Les plantes aromatiques méditerranéennes ont de nombreux atouts : elles supportent souvent un manque d’eau et de fortes chaleurs, leurs fleurs sont attrayantes pour de nombreux insectes et enfin elles sont très utilisées en cuisine pour relever les plats. Le romarin en est un parfait exemple car c’est un arbuste mellifère, rustique et qui demande très peu d’entretien.  

Pour favoriser la visite des insectes et des oiseaux, choisissez des espèces indigènes, telles que le chèvrefeuille des bois (Lonicera periclymenum), dont les fleurs et fruits sont fort convoités et qui nécessite un support pour grimper. 

3. Attirer la faune sauvage  

En offrant de l’eau, de la nourriture et des abris adaptés, vous attirerez facilement oiseaux, pollinisateurs et petits auxiliaires du jardin.  

On pense souvent à nourrir les oiseaux en hiver, mais leur offrir un point d’eau toute l’année est tout aussi essentiel. L’été et l’hiver, lorsqu’ils souffrent du manque d’eau, une simple coupelle peu profonde remplie d’eau propre fera toute la différence. 

Si votre balcon n’est pas trop exposé au vent, vous pouvez poser un nichoir à mésanges ou à moineaux sur le mur à environ 2m de haut, avec le trou orienté de préférence vers l’est ou sud-est. Si des chats rôdent, gardez bien le nichoir hors d’atteinte de ces prédateurs.  

Un autre exemple d’abri facile à mettre en place est le gîte pour abeilles solitaires. En effet, beaucoup d’espèces d’abeilles sauvages vivent dans des trous ou des tiges creuses. Pour les accueillir, il suffit de fabriquer un abri soit en perçant des trous de diamètres différents (4 à 12 mm) dans une buche en veillant à ne pas traverser celle-ci ; soit en attachant avec une ficelle un fagot de tiges creuses (berce, bambou …) ou à moelle (sureau, fusain …) coupés après un nœud afin d’avoir une des extrémités bouchée.  

Placez ces abris dans un endroit ensoleillé et n’ayez crainte, même près de leurs nids les abeilles solitaires sont pacifiques.  

Les abeilles solitaires, comme les osmies, anthidies et mégachiles, jouent un rôle clé dans la pollinisation des fleurs et cultures urbaines. Contrairement aux abeilles domestiques, elles ne vivent pas en ruches mais dans de petits abris naturels. 

En intégrant quelques aménagements simples, vous transformerez votre balcon en véritable oasis de nature en ville.  

Nous espérons que ces conseils vous inspireront à accueillir la faune sauvage et à créer votre coin de verdure urbain ! 

Ressources : 

• « Y’a des légumes au balcon ! » de Mark Ridsdill Smith aux éditions Terre vivante 

• « Agir pour la nature au jardin » de David Melbeck aux éditions Salamandre 

Un article de Bastien Domken, conseiller technique pour les particuliers