Végétation et sel de déneigement – impacts et solutions

Malgré des hivers plus doux, l’utilisation de sel de déneigement reste d’actualité durant au moins quelques jours par an, voire plus sur les hauteurs de la Wallonie. Mais l’épandage de sel n’est pas sans conséquence sur la végétation des bords de route.

Petit état des lieux des symptômes et mécanismes en œuvre.

  • Carence : Le sel (chlorure de sodium - NaCl) se dissout dans l’eau en libérant des ions (Na+) qui vont se substituer aux autres ions présents dans le sol (K+, Ca+, Mg+,…). Ces derniers vont être lessivés et ne seront donc plus assimilables par les plantes pouvant conduire alors à une carence en ces éléments et un ralentissement de la croissance des plantes.
  • Stress hydrique : La présence de sel en forte quantité dans le sol modifie la différence de pression osmotique dans la plante et dans le sol. La pression osmotique de l’eau du sol devenant supérieure à la pression osmotique de l’eau de la plante, l’absorption de l’eau dans la plante va se réduire provoquant un phénomène de sécheresse. 
  • Altération de la structure du sol : Du fait du remplacement des ions de calcium et de magnésium, la structure du sol va se modifier pouvant entraîner une dispersion de l’argile, un tassement et une diminution de la circulation de l’eau et de l’air dans le sol. Ce qui renforcera encore le phénomène de sécheresse.
  • Diminution de la photosynthèse : Les projections de sel sur le feuillage vont entrainer la pénétration de cristaux de sel par les stomates et entraîner une destruction de la chlorophylle. Cela aura pour conséquence d’altérer le processus de photosynthèse et donc une réduction de la production de sucre nécessaire au développement de la plante. 

Face à de tels symptômes, il n’existe pas vraiment de méthodes curatives (efficacité moyenne de la taille des arbres au moment de l’accumulation d’ions toxiques dans les brindilles et feuilles, sans compter que cette taille doit se faire à un moment précis). 

Il est donc nécessaire de prévenir les dégâts en agissant d’une part sur les techniques (optimiser les quantités employées) et produits d’épandage, et d’autre part, sur le choix des espèces végétales à placer en bord de route. 

Si diverses techniques alternatives au sel sont déjà employées ou en cours d’études (gravier + sable, cendres, mélasse de canne à sucre - coût très élevé, combinaison de copeaux de bois et de solution de MgCl2 - mais toujours le problème du Cl, mélange d’argile expansée et d’urée - impact négatif de l’urée,….), nous nous consacrerons dans cet article au choix des plantes.

La palette de plantes résistantes, ou plutôt tolérantes, au sel n’est pas très étendue. Une année n’est pas l’autre et donc les quantités de sel peuvent fortement varier, rendant la « tolérance » toute relative. 

Toutefois, en fouillant dans quelques études et sites internet spécialisés, nous pouvons vous proposer une liste qui n’est certainement pas exhaustive et que je vous invite à compléter ou modifier, en nous faisant part de vos connaissances et observations (nous remettrons le document à jour en fonction de vos retours).

Plantes herbacées

  • Achillea millefolium (nombreux cultivars)
  • Ajania pacifica
  • Armeria maritima
  • Artemisia abrotanum
  • Artemisia lactiflora (‘Elfenbein’, ‘Guizhou’, ‘Weisse Dame’)
  • Aster ageratoides (‘Ashvi’, ‘Stardust’,…)
  • Aster dumosus (‘Jenny’, ‘Kristina’, ‘Niobe’,…)
  • Bellis perennis (cultivars)
  • Catharanthus roseus
  • Ceratostigma plumbagnoides
  • Dianthus gratianopolitanus
  • Geranium magnificum
  • Helleborus orientalis x hybride
  • Hosta (‘Big Daddy’, ‘Brim Cup’, ‘Fragrant Blue’,…)
  • Knautia macedonica
  • Liriope muscari
  • Miscanthus sinensis (‘Africa, Apéritif’, ‘Flamingo’,…)
  • Ophiopogon planiscapus
  • Pennisetum alopecuroides (‘Gelbstiel’, ‘Moudry’, Reborn’,…)
  • Platycodon grandiflorus
  • Rudbeckia nitida ‘Herbstonne’
  • Santolina chamaecyparissus

Plantes ligneuses

  • Aesculus x carnea
  • Acer campestre
  • Acer pseudoplatanus
  • Amorpha fructicosa
  • Aucuba japonica
  • Berberis thunbergii
  • Betula sp.
  • Calluna vulgaris
  • Calocephalus brownii
  • Chamaerops humilis
  • Choisya ternata
  • Cytisus praecox
  • Elaeagnus x ebbingei ‘Limelight’
  • Euonymus fortunei ‘Dart’s Blanket’
  • Euonymus japonicus ‘Robustus’
  • Fraxinus excelsior
  • Gaultheria mucronata
  • Ginko biloba
  • Gleditsia triacanthos
  • Hedera ‘Hibernica’
  • Hibiscus syriacus ‘Azurri’
  • Hippophae rhamnoides
  • Ilex aquifolium
  • Juglans nigra
  • Ligustrum ovalifolium
  • Lonicera ledebourii
  • Potentilla fructicosa
  • Prunus padus
  • Ribes alpinum

Au-delà d’une « tolérance » au sel, la survie aussi de la plante dépendra des conditions dans laquelle est sera placée. Il est nécessaire de limiter au maximum les situations de stress (type de sol, espace pour les racines, espace pour la partie aérienne, fréquence des tailles, apport en micro-éléments, absence de tassement du sol….).

Enfin, une alternative à l’utilisation abondante de sel porte sur nos comportements sur la route par temps de neige ou de verglas : diminution de notre vitesse, l’utilisation de pneus neige et de moyens de transport alternatifs,…

Pour rappel, le sel (autant que le vinaigre) ne peut pas être utilisé comme désherbant sur les trottoirs et allées de garage. Le sel est considéré comme substance de base ce qui limite son utilisation à des cas très précis. Voir la législation sur le site Phytoweb : www.phytoweb.be

Bibliographie :