Longtemps qualifiées de "mauvaises herbes", les plantes adventices sont aujourd’hui au cœur d’une redécouverte écologique. Si elles concurrencent parfois les cultures, elles jouent aussi un rôle essentiel dans la santé du sol, la biodiversité et même l’alimentation. Comment les reconnaître, les comprendre et les utiliser à votre avantage ? Découvrez pourquoi ces plantes spontanées méritent qu’on leur laisse une place au jardin.
Qu’est-ce qu’une adventice ?
Dans l’histoire, la notion de plante adventice apparaît avec l’agriculture moderne. Le fermier sème ou plante des espèces qu’il désire cultiver. Toute la flore spontanée qui pousse dans le champ devient potentiellement concurrente de la culture. Ces plantes sauvages sont considérées, la plupart du temps, comme des “mauvaises herbes”. Mais bien avant l’agriculture, l’homme fut chasseur-cueilleur. La bonne herbe, pour lui, était la plante comestible ou bien pouvant avoir une utilité artisanale (vannerie, textile...).
Pour la plupart des agriculteurs de nos jours, la “mauvaise herbe” ou adventive est donc comparable à un parasite qui se met à table et qui diminue la part des convives en se servant dans le plat commun. Ce qui qualifie l’adventive n’est pas la plante en elle-même, mais l’endroit et le moment où elle pousse.
Les adventices sont-elles vraiment nuisibles ou utiles ?
Au cours de leur développement, les plantes cultivées sont parfois en concurrence avec les plantes spontanées pour les éléments nutritifs et l’eau du sol, le gaz carbonique de l’air et la lumière solaire. Certaines plantes pourraient être qualifiées d’indésirables étant donné leur caractère envahissant. Citons le chiendent et le liseron dont les racines et rhizomes leur permettent de coloniser rapidement leurs alentours, parfois au détriment d’autres espèces. L’ortie, également une mal-aimée, nous brûle la peau et repousse après chaque fauchage. Si ces plantes peuvent décourager le jardinier, elles apportent une contribution à l’écosystème du jardin en étant un maillon important de la chaîne alimentaire pour la faune sauvage et ne sont pas une véritable menace pour les autres plantes. Il suffit parfois de changer de regard en considérant qu’une mauvaise herbe est une plante dont l’utilité nous échappe encore. Si on leur laissait une chance en les enrôlant à notre profit, car même la “pire” des adventices a toujours un service à nous rendre.
Les 5 bonnes raisons de les aimer
-
Elles indiquent l’état du sol
Chaque espèce de plante a des besoins très précis et nécessite un certain type de sol. Certaines tolèrent un sol humide, d’autres au contraire résistent à une sécheresse prolongée. Certaines indiquent une proportion de matière organique mal décomposée, d’autres se contentent d’un sol pauvre. Le cortège des plantes spontanées qui poussent dans une parcelle peut permettre au jardinier de savoir si son sol est trop acide, trop humide, trop sec, trop tassé, trop riche ou trop pauvre en matière organique, etc.
Par exemple, un terrain envahi de pissenlits nous indique un sol calcaire, riche en matière organique mais compacté. Un tapis de mouron des oiseaux dans le potager est une bonne nouvelle pour le jardinier puisqu’il indique un sol équilibré, donc fertile.
-
Elles enrichissent le sol
Certains jardiniers connaissent déjà les avantages de la couverture végétale du sol en semant des engrais verts au potager, afin de protéger la faune du sol des rayons du soleil, du dessèchement, de la battance des pluies et une amélioration de sa structure par l’action des racines et par la décomposition du feuillage. Il est possible d’utiliser les “mauvaises herbes” comme engrais vert naturel, en préparant le terrain sans rien y semer et en laissant germer le stock de graines de plantes sauvages présent dans le sol. Il suffit ensuite d’enfouir superficiellement les plantes avant floraison, comme un engrais vert classique.
Si vous avez des plantes indésirables déjà fleuries ou montées en graines sur vos parcelles, arrachez-les avec leurs racines et mettez tout dans un sac noir (comme un sac de terreau retourné). Ensuite fermez le sac et laissez-le au soleil quelques semaines. La chaleur et l’humidité transformeront le tout en matière organique presque décomposée, qui pourra être apportée au sol sans risque de germination des graines ou reprise des racines.
Une autre technique, qui permet d’obtenir un engrais liquide cette fois, consiste à placer les plantes indésirables dans de l’eau de pluie et les laisser macérer quelques jours. La plupart des éléments nutritifs se dissolvent dans la solution qui devient un fertilisant très riche. Filtrez bien la préparation et diluez à 50 % avant d'arroser le pied de vos plantes cultivées.
-
Elles soignent les plantes cultivées
Parmi les herbes folles du jardin, il y a des plantes qui possèdent des propriétés particulièrement intéressantes pour le jardinier. La consoude officinale par exemple, est réputée pour être riche en potasse et autres minéraux nutritifs. Le purin de consoude, permet d’extraire ces éléments par la fermentation des tiges et feuilles dans de l’eau de pluie. L'arrosage de cette préparation au pied des plantes favorise la floraison et la mise à fruits.
L’ortie, est également souvent utilisée en purin pour sa richesse en azote et éléments nutritifs. Mais elle possède également des propriétés insectifuges à condition de laisser macérer maximum 3 jours dans l’eau. Une pulvérisation du feuillage permet d’éloigner les pucerons et acariens.
La prêle des champs, dont les tiges sont très riches en silice, permet de prévenir des maladies fongiques sur les cultures. Afin d’extraire la silice, il faut faire une décoction, c’est-à-dire la faire bouillir une demi-heure après avoir laissé macérer la préparation 24 heures au préalable. Une pulvérisation régulière est nécessaire en cas de temps pluvieux.
Pour plus de précisions sur les recettes, rendez-vous sur https://www.adalia.be/recettes-maison
-
Elles nourrissent le jardinier
La nature et même la flore de nos jardins nous offrent des ressources alimentaires insoupçonnées. A la préhistoire, nos ancêtres chasseurs-cueilleurs exploitaient un très large éventail de plantes comestibles à leur disposition dans la nature sauvage. Citons l’amarante réfléchie, la bardane, le chénopode blanc, et l’ortie : toutes sont d’excellentes plantes comestibles, très nourrissantes et poussent partout, même sur nos trottoirs. Au Moyen Âge, le pourpier était cultivé dans les jardins et on le trouve encore dans certains potagers aujourd’hui. La variété sauvage est aussi délicieuse avec ses feuilles charnues et croquantes. D’autres “mauvaises herbes” qui ont tendance à coloniser des sols riches en matière organique tels que la bourse-à-pasteur et le mouron des oiseaux sont également bonnes à manger en salade. Ainsi, laisser une place aux plantes spontanées, c’est se réserver quelques plats et soupes qui ne coûteront que l’effort de les arracher et de les cuisiner.
-
Elles favorisent la biodiversité
L’agriculture intensive, le fractionnement des habitats, les pollutions liées à l’industrie, le réchauffement climatique... la biodiversité est plus que jamais menacée. La vie sauvage se réfugie dans des endroits plus ou moins préservés tels que les haies, les bords de routes, les friches et les jardins (les moins entretenus).
En effet, les “mauvaises herbes” abritent et nourrissent une biodiversité remarquable par l’éventail des espèces attirées, base de chaînes alimentaires plus ou moins complexes.
Par exemple, le pissenlit peut nourrir de son feuillage au moins 25 espèces différentes de chenilles. Ses fleurs représentent une ressource en nectar et en pollen précieuse à la sortie de l’hiver pour les abeilles, papillons et coccinelles. Un massif d’ortie est une véritable oasis au jardin, à l’abri duquel les oiseaux peuvent bâtir leur nid, qui sert de réservoir à coccinelles, punaises et chrysopes qui se répandront ensuite sur les plantes cultivées à la recherche de pucerons et autres petites proies.
Il suffit parfois de ne plus tondre une petite partie de sa pelouse pour laisser s’épanouir les graminées qui servent de refuge aux petits animaux tels que les crapauds et dont les graines sont appréciées des oiseaux. Offrir la possibilité aux “mauvaises herbes” de pousser sans contraintes, en se mélangeant en se partageant au mieux l’espace, c’est oser faire confiance à la nature, à sa vitalité exubérante.
On pourrait citer bien d’autres raisons de préserver cette flore indésirée : leurs vertus médicinales, esthétiques... En ville, les plantes spontanées sont indispensables à la vie des citadins : elles tempèrent les îlots de chaleur, elles participent à la dépollution de l’air et de l’eau, à l'assainissement des sols…
Et si vous souhaitez tout de même les retirer ? Privilégiez le désherbage naturel, pas les pesticides !
Même si les plantes adventices rendent de précieux services au jardin, il est compréhensible de vouloir en maîtriser la croissance, notamment autour des cultures potagères ou dans les allées. Mais attention : utiliser des pesticides chimiques n’est ni une solution durable, ni sans conséquences pour la biodiversité, la santé et la qualité des sols.
Bonne nouvelle : des alternatives naturelles et efficaces existent !
Plutôt que de recourir à des produits toxiques, vous pouvez opter pour des techniques manuelles, mécaniques ou thermiques : binage, désherbage à la main, brûleurs thermiques, paillage, eau chaude, etc. Ces méthodes respectent l’environnement tout en vous permettant de garder le contrôle sur les plantes indésirables.
Pour découvrir toutes nos solutions naturelles et adaptées à votre situation, consultez notre page dédiée :️ Désherber autrement – Adalia.be
Les plantes adventices, des partenaires inattendus au jardin
Loin d’être de simples intruses, les adventices témoignent de la vitalité du sol et offrent de multiples services : fertilisation, soin des plantes, nourriture, refuge pour la faune… Plutôt que de chercher à les éliminer systématiquement, pourquoi ne pas apprendre à cohabiter avec elles, à les utiliser à bon escient ? En adoptant une approche plus respectueuse de la nature, vous favorisez un jardin résilient, fertile et riche en biodiversité.
Ressources :
-
Sauvages de ma rue est un projet participatif français permettant aux citadins de mieux connaître les plantes sauvages qui poussent dans les rues de leur quartier, autour des pieds d’arbres, sur les trottoirs, dans les pelouses (https://www.tela-botanica.org/projets/sauvages-de-ma-rue/
-
Livre : “Plaidoyer pour les mauvaises herbes” de Vincent Albouy - édition Edisud
-
Le site de l’asbl Cuisine sauvage (https://cuisinesauvage.org/les-plantes/voir/ pour en savoir plus sur les plantes sauvages comestibles.
-
Le site Chemin de la nature https://www.lechemindelanature.com/ qui présente les plantes sauvages notamment sous la forme de vidéos didactiques.
