Tuinstraat in Antwerpen
Toujours en quête de bons exemples de végétalisation, urbaine ou rurale, pour une adaptation des espaces face aux changements climatiques, les conseillers techniques d’Adalia 2.0 sont partis à l’aventure dans une contrée encore inexplorée : la Flandre !
C'est à Anvers, pour être plus précis, que nous nous sommes rendus. Bien que moins dangereux que l’aventure bien connue de Bilbo, une franche découverte nous attendait. Nous avons été accueillis et guidés par Vincent Stubbe, le responsable des espaces publics d’Anvers.
En 2019, la ville d’Anvers a initié un projet de végétalisation de plusieurs rues afin de les transformer en « rues jardin ». Elles répondent à des problématiques environnementales dûes aux changements climatiques.
La végétalisation des villes est importante pour plusieurs raisons. Tout d’abord, elle permet une infiltration de l’eau accrue ce qui limite les ruissellements, réduit les coûts liés aux traitements des eaux, tout en évitant d’autres problèmes qui peuvent en découler. Elle offre des espaces plus frais en été ainsi que des espaces publics plus verts et plus agréables pour les citoyens. La ville d’Anvers est fréquemment touchée par des problèmes de quartiers inondés. Cette problématique les concerne donc directement. Des études montrent l’intérêt des espaces verts pour la santé humaine et mettent en évidence que la fréquence de contact avec la nature serait même plus importante que la taille des espaces verts (source : Sullivan & Chang, 2017 https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5664713/). La multiplication des projets de végétalisation, même petits, prend d’autant plus de sens.
Moins de chaleur, plus d’arbres, une meilleure gestion de l’eau et plus de cohésion sociale, voici le projet des tuinstraat (rue jardin).
L’initiation du projet :
Un élément clé a été pris en compte dès le départ du projet : les résidents.
Dès la première phase, les habitants ont été questionnés, mobilisés et écoutés. Divers ateliers ont permis de créer une participation citoyenne efficace, faisant ainsi remonter les désirs des citoyens. Au-delà d’accepter le projet, les résidents l’ont coconstruit et se sont approprié ce qui allait devenir leur quartier végétalisé. L’aménagement de réserves d’eau, de pompes à eau et le choix de certains parterres sont des idées qui viennent directement des citoyens. Avant la mise en place du projet, des maquettes avaient également été réalisées avec la participation des habitants de la rue.
La gestion de l’eau :
L’eau de pluie est soit collectée pour être ensuite redistribuée (arrosage des plantations et besoin des résidents) soit directement infiltrée. Un avantage non négligeable pour limiter le ruissellement et l’engorgement du système d’égouttage surtout aux points cruciaux où l’eau s’accumule. C’est également économiquement intéressant pendant les périodes sèches qui nécessitent un arrosage régulier.
Des pompes ont été placées dans les rues afin que les habitants puissent avoir un accès facile et rapide à l’eau récoltée. Une idée des résidents, pour les résidents.
La végétalisation :
La rue a été divisée en différentes zones qui peuvent correspondre à des usages différents. Une partie, près des façades, répond à une demande de plantations des résidents. Il s’agit de parterres dans lesquels se retrouvent différentes strates de végétations. Des fosses de plantations ont bien entendu été prévues en fonction de la végétation souhaitée. On y retrouve des vivaces, des arbustes et des arbres. Certains parterres sont choisis et entretenus par les résidents.
Une autre partie de la végétation se trouve sous forme de dalles engazonnées qui permettent le passage de véhicules.
Contraintes
Le trafic, l’accès aux services d’urgence et la présence de garages et de places de parking sont autant de points à prendre en considération. La concertation avec les citoyens et les services concernés est primordiale afin de trouver les meilleurs compromis possibles.
Si réduire le trafic et le nombre de places de parking semble être un défi de taille, il apparait cependant que le cadre de vie des citoyens s’en retrouve nettement amélioré et que les résidents s’en accommodent volontiers.
Quelques données techniques :
La mise en place s’est faite en divisant l’espace en plusieurs sections. Cette solution a été privilégiée par rapport à une mise en place uniforme couche par couche, car elle favorise la compaction des couches et l’infiltration. Elle évite cependant l’accumulation d’eau d’un côté de la rue.
Les fondations sont une alternance de couche de gravier et de géotextile qui empêche le mélange des couches de gravier et maximise donc l’infiltration.
Au-dessus du gravier on y retrouve soit un lit de pose surmonté de pavés drainants, soit un lit de pose enrichi en substrat pour accueillir des dalles engazonnées.
L’entretien : 
Si la commune continue d’entretenir 80% des parterres, elle n’a cependant pas dû débloquer de fonds ou de personnel supplémentaire. Les 20% restants sont gérés par les citoyens qui peuvent d’ailleurs faire la demande de nouveaux parterres si cela est possible avec le passage des véhicules d’urgence (pompiers, ambulance, police …).
Donc, non, ces plantations ne coutent pas plus cher et ne prennent pas plus de temps à entretenir que lorsque la rue était entièrement minéralisée.
Où retrouver ces rues ?
Si comme nous, vous souhaitez découvrir ces rues végétalisées, l’idéal est encore de s’y rendre. Rendez-vous à la Lange Ridderstraat, la Bloemstraat, la Jan Olieslagersstraat et l’Aliziëlaan, à Anvers.
Les Quick win
En plus des rues végétalisées, la ville d’Anvers déminéralise de petites surfaces au travers de projets nommés « quick win » (gain rapide). Ces projets sont faciles et rapides à mettre en place et demandent moins d’investissements que les rues jardin.
C’est sur l’un de ces projets que notre périple anversois prend fin. C’est assurément un quick win pour Adalia 2.0 et, nous espérons, une belle source d’inspiration pour de futurs projets en Wallonie.
Tot de volgende keer !
Met Vriendelijke groeten.
Un article de Pierre-Laurent Zerck, conseiller technique pour les professionnels.
Sources :
- https://blauwgroenvlaanderen.be/professionals/projecten/tuinstraten/
- https://living-city.ebema.be/fr-BE/inspiration/sous-les-projecteurs/les-rues-danvers-plus-verdoyantes-et-plus-fleuries-avec-laide-debema
- https://www.antwerpenmorgen.be/nl/projecten/tuinstraten/over
- Sullivan W.C. & Chang C-Y. Landscapes and Human Health. Int J Environ Res Public Health. 2017 Oct ; 14(10): 1212 doi: 10.3390/ijerph14101212 https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5664713/