Changement climatique : la Wallonie face à ses vulnérabilités

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Une adaptation urgente et collective 

Après les inondations catastrophiques de juillet 2021 et les vagues de chaleur des dernières années, la Wallonie se retrouve en première ligne face aux aléas climatiques. Et ce n’est qu’un début car selon les prévisions des scientifiques, l’augmentation de la température mondiale va se poursuivre.   

inondations college st etienne BW copyright NAthalie Jadot.

Inondations au Collège Saint-Etienne (BW) - Photo : Nathalie Jadot​​​

À la demande du Gouvernement wallon, une étude pilotée par l’Agence wallonne de l’Air et du Climat (AWAC) et menée par le consortium « ICEDD - ULg - UNamur - IsseP - JetPack » s’est terminée en mai dernier. L’objectif : dresser un diagnostic scientifique des vulnérabilités régionales de la Wallonie face aux changements climatiques à venir et proposer des mesures d’adaptation. 

Les résultats sont clairs : la Wallonie est plus exposée qu’on ne l’imaginait. En combinant 40 indicateurs et 700 cartes de vulnérabilités, les chercheurs révèlent l’ampleur des impacts attendus selon différents scénarios de réchauffement (+2°C, +3°C et +4 °C de réchauffement global par rapport à l’époque préindustrielle, c’est à dire le milieu du 19e S).  

Selon le GIEC, l’influence humaine sur l’élévation des températures est « indiscutable », à cause de l’accumulation actuelle sans précédent de gaz à effet de serre dans l’atmosphère (dioxyde de Carbone, Méthane, etc).  Les divers scénarios d’augmentation de températures envisagés (+2°, +3° et +4°) seront atteints selon la manière dont nous répondons à la crise climatique. Dans tous les cas, les températures continueront d’augmenter au moins jusqu’aux années 2050

Les impacts humains des risques climatiques sont nombreux. Ils touchent tous les secteurs étudiés : la santé publique, les infrastructures, l’agriculture, la biodiversité, les forêts, l’économie, le social, l’énergie, l’eau, les sols et les logements. 

Près d’1,1 million de personnes – soit 31 % de la population wallonne – vivent dans des zones exposées au risque d’inondation. Et les populations précaires sont les plus vulnérables face à ce risque.  

Inondation 2021

Inondation en 2021 - Wallonie

Selon les projections, le ruissellement augmentera aussi sur l’ensemble du territoire.  Et ce phénomène s’intensifiera avec l’amplification de l’imperméabilisation des sols

Les épisodes extrêmes vont se succéder : plus de pluies en hiver et moins en été. Ceci engendrera de nombreuses conséquences tant sur l’agriculture (plus longues périodes de sécheresses des sols, pertes de rendement, hausse de la mortalité animale...) que sur la biodiversité déjà soumise à de fortes pressions. En effet, 95% des habitats naturels wallons sont déjà en état de conservation défavorable… Si le réchauffement global atteint +2°C, ce qui est prévu d’ici 10 à 20 ans, tous les habitats seront à risque. L’élévation des températures bouleverse les écosystèmes, provoquant la disparition de certaines espèces ou modifiant leur répartition.  

Au niveau des forêts, 25 % des peuplements de chênes, hêtres et épicéas sont déjà en difficulté.  A + 4 ºC, près de 90 % de la forêt wallonne devient vulnérable. 

Le réchauffement intensifiera aussi l’effet des îlots de chaleur urbains. Les vagues de chaleur entraînent une hausse de la mortalité, en particulier chez les personnes âgées et fragiles. Aujourd’hui, 5% de la population wallonne est soumise de manière « modérée » à « très élevée » à ces îlots de chaleurs. Dans un monde avec un scénario de réchauffement modéré de +2°C, ce pourcentage passera à 30%. Et dans un scénario où les températures grimpent de 3 °C, ce sont jusqu’à 87 % des Wallons – soit 3 millions de personnes – qui vivront dans des zones fortement exposées aux îlots de chaleur urbains. Les grandes villes seront ainsi les plus impactées mais les zones rurales le seront aussi dans les scénarios de réchauffement plus important. 

Les scientifiques se sont également penchés sur le risque d’incendie. Certaines régions se voient plus sensibles : les Fagnes et le sud de la province de Luxembourg. Le risque d’incendie dépend de la proximité de l’habitat et de la forêt. Aujourd’hui, environ 250 000 ménages wallons vivent à moins de 200 mètres d’une zone à probabilité moyenne ou élevée d’incendie. 

Dès lors, que faire pour se préparer à ce réchauffement ?  

  • La nature, une alliée essentielle face à la crise 

Dans ce contexte alarmant, la gestion de l’eau, du sol, de la végétation et des espaces publics doit être repensée. Les chercheurs insistent sur l’importance de ralentir et d’infiltrer l’eau à la source, et sur le rôle essentiel de la végétation dans la régulation du climat. Une meilleure intégration des trames vertes et bleues, la désimperméabilisation des sols et la renaturation des espaces urbains constituent des leviers clés pour renforcer la résilience de nos territoires. 

Désimperméabilisation-végétalisation centre-ville-RouenDésimperméabilisation-végétalisation centre-ville-RouenToiture végétale - ottignies
A gauche et au milieu : désimperméabilisation et végétalisation du centre-ville de Rouen - A droite : toiture végétale à Ottignies. 

Avant-après végétalisation à Utrecht

Chez Adalia 2.0, nous avons à cœur de promouvoir une gestion plus naturelle des espaces verts publics et privés.  Nous voyons ainsi dans cette étude un appel à l’action : adapter les villes, renforcer la biodiversité locale, créer des corridors écologiques, désimperméabiliser et végétaliser massivement les espaces publics et privés. Ces mesures sont autant de réponses concrètes pour atténuer les impacts, tout en améliorant le cadre de vie des citoyens. 

Gestion-Intégrée-Eaux-Pluviales_ ForestNoue végétalisée - NamurToiture végétalisée

A gauche : Gestion Intégrée des Eaux Pluviales (GIEP) à Forest - Au centre, noue végétalisée à Namur - A droite, toiture végétalisée.
  • S’adapter dès aujourd’hui pour éviter le pire demain 

Selon cette étude, le coût de l’inaction est estimé à 2 milliards d’euros par an dans le scénario le plus optimiste à+2 °C, dont la moitié en perte de productivité liées aux vagues de chaleur. Cela montre la nécessité d’agir et de s’adapter tant au niveau communal que régional, en misant notamment sur les solutions fondées sur la nature. 

Suite à cette étude, un nouveau portail web et un ensemble de cartes seront prochainement mises à disposition des communes wallonnes.  Des formations seront aussi organisées par l’AWAC pour partager les résultats de l’étude et former les communes à l’utilisation du portail.  

Plus d’info sur l’étude : 

Un article de Tiffanie Frenkel, conseillère technique chez Adalia 2.0