Le noisetier : un arbuste dans la cour des glands

Le noisetier, ce petit arbuste bien connu de tous, notamment grâce à ses noisettes si agréables à consommer, n’est généralement pas un premier choix pour la végétalisation de nos espaces verts. Et pourtant, il présente des avantages à ne pas négliger.  

Noisetier, coudrier, avelinier, tous ces noms désignent une seule et même plante : Corylus avellana.  
Cet arbuste indigène de nos régions peut atteindre 4m de hauteur. Même s’il se retrouve spontanément en de nombreux endroits, il préfère l’ombre ou la demi-ombre et ne tolère pas des sols trop acides. Vous pouvez aisément l’observer dans des lisères forestières, sous-bois, en bord de route mais aussi dans des haies.  

Ces arbustes sont monoïques à fleurs unisexuées : les fleurs mâles et femelles sont présentes sur un même individu mais forment deux types de fleurs séparées, à l’instar des châtaigniers ou des courgettes. Par ailleurs, les fleurs mâles fleurissent avant les femelles (protandrie) afin d’éviter l’autofertilisation que le noisetier ne tolère pas (ou très peu). L’autostérilité est d’ailleurs importante à prendre en compte si vous souhaitez maximiser vos récoltes car il est nécessaire de planter plusieurs variétés.  

NoisetierNoisetier

Photo de gauche : châtons males du noisetier - Photo de droite : fleurs femelles.

Ce qui rend la floraison du noisetier particulière c’est sa période qui survient… en hiver! C’est en effet entre les mois de janvier et de mars que le noisetier fleurit, une caractéristique peu commune qui sera profitable à certaines abeilles même si, pour une fois, elles n’auront pas le rôle de pollinisateur.  

Abeille-et-noisetier

Le pollinisateur principal du coudrier est le vent. Les chatons (inflorescences mâles) sont d’ailleurs très adaptés à la pollinisation anémophile comme les saules ou les aulnes. Les grains de pollen ont également une morphologie adaptée au transport par le vent.  
Le coudrier a une autre singularité liée à la pollinisation : si le pollen est déposé sur les pistils durant l’hiver, la fécondation n’a lieu qu’à partir du mois juin.  

Son fruit, la noisette, est une nucule, tout comme le gland. Il se caractérise par une graine libre entourée d’une protection ligneuse. La période de fructification s’étend de juillet à octobre.   

Noisette
 

Comme le noisetier n’a pas besoin des insectes pour sa reproduction, les fleurs ne produisent pas de nectar. Les abeilles qui vont sur le noisetier ne récoltent donc que du pollen sur les fleurs mâles, et ne visitent pas les fleurs femelles. Parmi les abeilles, la littérature consultée ne mentionne que l’abeille mellifère comme visiteur. Si le noisetier n’intéresse que peu d’abeilles, on peut en outre y retrouver d’autres insectes. C’est par exemple le cas de plusieurs chenilles de papillons « de nuit » (groupe des hétérocères : Habrosyne pyritoides, Geometra papilionaria, Colocasia coryli, Trichiura crataegi ….). Les papillons de nuit sont d’importants pollinisateurs. Même si son pollen n’est pas exploité par ces papillons, le noisetier, en servant de plante nourricière aux chenilles, n’en est pas moins une plante profitable pour ces pollinisateurs nocturnes.  

Au-delà de quelques pollinisateurs, le noisetier est une plante très utile dans les haies. Il procure un abri et de la nourriture pour des oiseaux et quelques mammifères. L’animal le plus facilement associé au noisetier est probablement l’écureuil, à juste titre ! En effet, l’écureuil participe à la dissémination des graines ainsi qu’à leur germination lorsque ce dernier prépare (avec panache) ses réserves hivernales en enterrant des noisettes un peu partout.  

Ecureuil
 

A propos : l’écureuil indigène de nos régions est l’écureuil roux (Sciurus vulgaris). Il existe toutefois des espèces invasives chez nous comme l’écureuil gris (Sciurus carolinensis). Pour plus d’informations, vous pouvez consulter la fiche du SPW  

Au jardin, le noisetier peut être un atout car c’est l’hôte de certaines espèces de pucerons. Des prédateurs aphidiphages (coccinelles, chrysopes …) pourront donc s’y installer et protéger nos cultures.  

Surveillez cependant la présence de charançons comme le balanin des noisettes (Curculio nucum) qui peut faire de gros dégâts dans les noiseraies. En cas d’infestation il sera utile de griffer le sol pour exposer les larves au froid et aux prédateurs. Cette opération sera d’autant plus efficace si vous la faites juste avant une nuit avec des fortes gelées.  

Charançon

 
Par ailleurs, l’entretien s’il doit être fait, est rapide et facile. Coupez simplement quelques branches à la base afin que l’arbuste fasse des rejets de souches. Il ne prendra ainsi que peu de hauteur et pourra se densifier en fonction du nombre de branches que vous coupez d’une année à l’autre. Une taille plus conventionnelle peut être appliquée mais demandera plus de temps.  

N'oublions pas non plus son intérêt pour l’homme. Outre les intérêts liés à la haie (brise vent), il était également utilisé en vannerie. En outre, si nous pouvons nous régaler des fruits, son feuillage semble être de plutôt bonne qualité pour le fourrage. Enfin, le noisetier est associé à un champignon connu des fins gourmets : la truffe.  

Pour la petite anecdote, et pour les fans du sorcier à la cicatrice en forme d’éclair, le noisetier sert à faire des baguettes, comme celle d’un certain professeur de divination.  

Si le noisetier n’est pas aussi grand et majestueux que le chêne, il n’en reste pas moins un arbuste important de nos régions et peut donc définitivement jouer… dans la cour des glands ! 

Vous avez pour projet de planter une haie ? N'oubliez pas de consulter le projet Yes! WePlant 

Un article de Pierre-Laurent-Zerck, conseiller technique pour les professionnels.

Sources :