La Ville de Namur s’adapte aux changements climatiques

Afin de rendre son territoire plus résilient, la Ville de Namur développe depuis quelques années une stratégie d’adaptation dans laquelle le végétal occupe une place prépondérante.   

Les effets des changements climatiques sont déjà visibles au niveau mondial (inondations, vagues de chaleur, sécheresses). Et nos régions ne sont pas épargnées. Le dernier rapport du GIEC indique qu’une réduction drastique et rapide des émissions de gaz à effet de serre est indispensable si l’on veut contenir le réchauffement climatique à +1,5 °C à l’horizon 2050.  Parallèlement à cela, il est tout aussi indispensable de mettre en place des politiques d’adaptation aux changements climatiques, surtout à un niveau local ! 

Consciente de ces enjeux, la ville de Namur a élaboré une stratégie en deux étapes. 

Connaitre et préserver l’existant  

Dans un premier temps, elle a voulu connaître et préserver l’existant. Pour ce faire, elle a mandaté un bureau d’étude, l’ICEDD, pour réaliser un plan d’action sur l’adaptabilité du territoire communal aux changements climatiques. Ce plan a permis de mettre en évidence les vulnérabilités de la commune en tenant compte des aléas (crue de cours d’eau), des enjeux (personnes, biens, activités économiques, etc.) et des risques encourus (inondation, ilots de chaleur urbains, etc.) et de proposer des mesures pour y faire face suivant différents champs d’actions : imperméabilisation des terres, végétalisation urbaine, bâti, espaces verts, gestion de crise (plan chaleur), etc. 

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Namur - coefficient de désimperméabilisation et développement des espaces verts - ©ICEDD  

La ville a également procédé à un inventaire et une cartographie de son patrimoine arboré. Au total en septembre 2024, 12 464 arbres ont été recensés sur le domaine public (hors forêt) dont environ 9000 sont gérés par les services de la ville de Namur.

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Ce travail conséquent, en évolution constante, fournit des informations sur l’état des arbres, le type d’essence, ou encore leur âge approximatif, ceci afin de mettre en place des mesures de protection des arbres existants. Pour aller encore plus loin et inclure les espaces privés, la ville a développé un outil participatif qui invite les citoyens à inscrire les arbres présents sur leur propriété. Il leur suffit de prendre une photo géolocalisée et d’y associer certaines données (localité, nom commun et scientifique, circonférence à 1,5 m, année de plantation si connue), ce qui permet de créer un point sur la cartographie et de contribuer à une meilleure connaissance du patrimoine ligneux sur la globalité du territoire communal. Enfin, toujours dans un souci de préservation de ce patrimoine, pour chaque arbre abattu, des mesures de compensations sont requises.

Image : cartographie du patrimoine arboré - ©Ville de Namur  

Remettre la nature au coeur de la ville 

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Dans un second temps, de nombreux projets visant à remettre la nature au cœur de la ville sont en cours ou ont vu le jour : nouvelles plantations réalisées en centre-ville, création de nouveaux parcs urbains (parc des Dames Blanches, parc des Arts), végétalisation des bords de Meuse, etc.

Un projet d’extension du piétonnier, conçu en collaboration avec un panel de citoyens, est en cours de réalisation dans le centre-ville (2023-2027). 

Ses objectifs sont de renforcer l’attractivité du territoire, d’améliorer la qualité de vie des habitants, de stimuler le commerce local, de favoriser la mobilité active et d’améliorer la qualité de l’air.  Les arbres existants y seront préservés et de nouvelles plantations, principalement en pleine terre y seront ajoutées. Une attention particulière a été apportée à la gestion des eaux de pluie en privilégiant son infiltration et son utilisation pour les plantations.  

Image : nouveau Parc des Arts, traversé par une noue

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Projet de piétonnier - ©Ville de Namur

Des cours “oasis” 

La ville mène aussi un projet de création de cours « Oasis », assez inédit en Wallonie, sur le site de l’école de Wépion.  Les travaux sont en cours et consistent en la désimperméabilisation de plus de 2100m² de surfaces réparties sur les deux cours de récréation et en la création d’espaces ludiques végétalisés, accueillants pour la biodiversité, favorables au bien-être des enfants et apportant fraicheur et ombrage en cas de fortes chaleurs. Le budget global de ces travaux est estimé à 500 000€. Les plans d’aménagement ont été co-construits en impliquant l’ensemble des acteurs de l’école (élèves, enseignants, parents, etc.) pour que le projet réponde à leurs besoins. 

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Plan cour oasis : école de Wépion - ©Ville de Namur
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Travaux de la cour oasis à Wépion - ©Ville de Namur

 

A l’instar d’autres communes wallonnes, la Ville de Namur a mis en place un permis de végétaliser pour offrir l’opportunité à ses habitants de verduriser leur façade à l’aide d’une plante grimpante pour que chacun puisse participer, à son échelle au rafraichissement de la ville en posant un geste au profit de la biodiversité. Une brochure spécifique a même été éditée à cet effet. 

L’importance de la transversalité 

L’une des clés de la réussite de cette stratégie est la transversalité interservices dans le montage et la mise en œuvre des différents projets menés par la ville.  Autre aspect important, la participation citoyenne fait partie intégrante de chaque projet qui pourrait avoir un impact sur le cadre de vie des citoyens.  Depuis 2019, la participation est d’ailleurs inscrite comme objectif prioritaire dans le programme stratégique transversal communal ! 

Conclusion

Le défi de l’adaptation aux changements climatiques est de réfléchir et planifier un ensemble d’actions qui peuvent se combiner pour répondre aux défis d’aujourd’hui tout en préparant les réponses de demain. La ville de Namur l’a compris, après avoir apprivoisé les enjeux de l’adaptation aux changements climatiques, il est important de mobiliser la collectivité (services et élus) et les différents acteurs du territoire pour passer à l’action et adapter son territoire en dédiant des moyens budgétaires et humains à la hauteur. 

Un article réalisé par Tiffanie Frenkel, conseillère technique pour les professionnels.