La toxicité des plantes

L’absence de mobilité des plantes a mené au développement de mécanismes de défense face aux différentes pressions environnementales. Par exemple, afin de démotiver les herbivores à se délecter de leur feuillage, fruits, tiges ou racines, des phénomènes de toxicité ont été sélectionnés au fil du temps dans le monde végétal...  

Taxus-baccataLa notion de toxicité des plantes est primordiale pour les gestionnaires et usagers d’espaces verts. Cette thématique est d’autant plus importante si la commune met en place un projet de pâturage sur son territoire. Il est intéressant de noter que les informations diffèrent parfois selon les sources (toxicité, dose, symptômes…). Cela est notamment dû à la grande variabilité de la sensibilité des espèces et individus aux plantes toxiques. La toxicité d’une plante peut également varier selon de nombreux facteurs (saison, stade de floraison, type de sol, climat …). Il convient donc d’appliquer le principe de prudence au vu des tristes conséquences que certaines plantes peuvent entrainer.  

Photo : If Commun - Taxus baccata

" Le terme « plante toxique » regroupe les plantes qui peuvent occasionner des effets nocifs internes ou externes à l’organisme. L’individu peut souffrir d’intoxication suite à un contact cutané, oculaire, ou suite à une ingestion. Les symptômes présentés sont variables suivant la quantité et la partie (feuille, fruit, racine…) de la plante ingérée. Cependant, toute plante peut devenir poison lorsqu’on en abuse. Par exemple, la pomme n’est pas considérée comme plante toxique, pourtant sa consommation en grande quantité à un stade de maturité précoce peut induire des coliques." ( Source : Université de Liège, Faculté Médecine vétérinaire, Département des sciences fonctionnelles)

Les risques liés aux plantes toxiques sont multiples : 

  • Toxicité par ingestion : jeunes enfants ou animaux principalement (Rhododendron, If, Datura…) 

  • Irritation de la peau et des yeux souvent dû à un contact avec la sève (Euphorbe, Chélidoine…) 

  • Sensibilité au soleil dû à un contact avec la sève (Berce du Caucase… ) 

  • Allergies principalement dû aux pollens (Bouleau, Cyprès…) ou eczéma après contact 

  • Infections à la suite de blessures physiques (Pyracantha, Rosiers…) 

Et donc que faire dans les espaces verts ?

Le premier élément est d'examiner minutieusement les alentours des aires de jeux et des espaces pâturés pour identifier les éventuelles plantes toxiques présentes. Ensuite, en cas de nouveaux aménagements, il faut éviter d’y planter des espèces toxiques. Il convient également d’être attentif aux végétaux qui s’échappent des jardins des riverains afin d’entamer une discussion si nécessaire. 

DaturaStramonium-plant

Photo : Stramoine commune - Datura stramonium

Comment savoir si une plante est toxique ou pas ?

Une brochure a été développée par le centre antipoisons et contient les plantes à éviter aux abords des zones fréquentées par les enfants. Une autre brochure qui aborde la même thématique (chapitre 2.2.4) a été réalisée par le SPF Economie. Concernant les animaux domestiques, une base de données a été élaborée par le Département des sciences fonctionnelles de la Faculté de médecine vétérinaire (Université de Liège). Des fiches techniques résumées ont été créées par Adalia 2.0.  

Il est également important d’informer le personnel de terrain sur les risques liés à la présence de plantes toxiques ainsi que les mesures à adopter : 

  • Savoir reconnaitre les plantes toxiques et adapter les EPI (équipements de protections individuels : lunettes, gants renforcés, combinaisons …) 

  • Se laver les mains après le contact avec ces plantes  

  • Adopter les bons gestes en cas d’accident : prendre contact avec le Centre Antipoisons (appel gratuit, au 070 245 245) 

Dans le cas particulier du pâturage, ne comptez pas sur l’instinct des animaux pour éviter les intoxications par les plantes : chaque année des intoxications mortelles surviennent par ingestion de déchets de taille de haie jetés dans les pâtures. A contrario, il est intéressant de souligner les caractéristiques fourragères et thérapeutiques très intéressantes de certains végétaux pour les animaux. Une synthèse de données sur les fourrages ligneux a été publiée en 2024 par l’Association Française d’Agroforesterie. 

Focus plantes exotiques envahissantes 

Laurier-cerise

Photo à droite : Laurier cerise - Prunus laurocerasus

Nos régions sont historiquement peu peuplées de plantes toxiques. Toutefois, par divers déplacements anthropiques, notre flore a été complétée par de nombreuses plantes exotiques. Certaines d’entre elles présentent un caractère envahissant et peuvent notamment poser des problèmes de toxicité importants.

Nous pouvons citer :  

  • La Berce de Caucase (sève photosensibilisante pouvant causer des brulures) 

  • Le Laurier cerise (feuillage et fruits toxiques) 

  • Le Cotonéaster horizontal (feuillage, fruits et graines toxiques) 

  • Le Robinier faux-acacia (feuillage, écorce et graines toxiques) 

  • Le Rhododendron pontique (toutes les parties sont toxiques) 

Ces espèces sont donc particulièrement à écarter dans l’aménagement de nos espaces verts. Plus d’informations sur les plantes invasives ici. 

Malgré le caractère « alarmiste » de cette thématique, il est important de rappeler la notion relative de la « toxicité » de certaines plantes. Cela est avant tout une opportunité de se pencher sur le monde végétal afin de mieux le connaitre dans sa large diversité. Concernant les risques liés aux enfants et au personnel de terrain, le plus important est sans doute l’éducation et l’apprentissage des précautions à adopter avec les végétaux.

Pour clôturer, le monde végétal est aussi la première source d’inspiration pour notre pharmacopée*. De nombreuses plantes possèdent des vertus thérapeutiques et gustatives, il suffit d’apprendre à les connaitre …  

*Pharmacopée : reccueil officiel national des médicaments (source : https://dictionnaire.lerobert.com/definition/pharmacopee) 

Un article de Bernard Drosson, conseiller technique pour les professionnels

Ressources utiles et bibliographie : 

Sources illustrations :