L'hydroensemencement

hydriensemencement

Végétaliser un talus ou une allée de cimetière? Pourquoi pas par hydroensemencement ?

Quelques communes (Liège, Hannut, Viroinval, Visé,…) ont opté pour cette méthode pour l’engazonnement des allées de leurs cimetières. D’autre structures, comme le Port Autonome de Charleroi, a eu recours à cette technique pour le semis de prairies fleuries le long de talus. Quels sont ses avantages, ses limites,  son coût? Nous allons essayer d’y répondre dans cet article.

En quoi cela consiste-t-il ?

L’hydro-ensemencement  ou ensemencement hydraulique, est une méthode d’engazonnement provenant des Etats-Unis. Ce procédé consiste à incorporer des semences dans un mélange riche en nutriments généralement composé de paillis, d’un produit liant (naturel de préférence et biodégradable), d’un engrais et d’eau. Ce mélange est ensuite projeté sur la surface à semer. 

Le paillis, composé de papier recyclé, de paille ou de bois, forme un environnement qui retient l’humidité, protège les semences durant la germination, prévient l’érosion et le ruissellement d’eau. Il se décompose pour laisser la place au semis en quelques semaines. 

Quels sont ses avantages ? 

•    Permet d'ensemencer des zones difficiles d'accès tels que des talus en pente raide ;
•    Semis rapide (+ /- 1h30 pour 600 m²) ;
•    Ajoute de la matière organique au sol ;
•    Ne demande pas forcément une mise à nu du sol ;
•    Ne nécessite pas toujours de travail du sol préalable (avantage sur des allées en gravier par exemple) ;

Comment procéder ?

L’hydroensemencement est une technique assez spécifique qui requiert une certaine expertise. Deux options s’offrent à vous: soit vous faites appel à une entreprise spécialisée, soit vous réalisez le travail en interne. 

Dans le premier cas, l’entreprise retenue prendra en charge les différentes étapes ci-dessous.  Vous pouvez toutefois intégrer certaines clauses dans le marché comme le fait de privilégier des éléments naturels dans la composition du mélange par exemple, ou encore spécifier le choix des semences.

  1. Analyse du sol :  Une analyse de sol préalable peut être utile (mais pas indispensable) pour aider à affiner le choix des semences et le mélange de paillis à privilégier pour un résultat optimal.
  2. Préparation du sol : Il est parfois conseillé d’enlever la végétation déjà existante afin d’avoir un sol nu. Cependant, cette étape n’est pas toujours nécessaire.  Dans le cas des cimetières par exemple, certaines communes ont maintenu les graviers présents sur les allées à ensemencer, sans fraisage préalable.  D’autres ont préféré excaver la couche supérieure de gravier avant le semis.
  3. Choix des produits : Outre les semences, il faut choisir le contenu du mélange en privilégiant les matériaux naturels et biodégradables (type de paillis, agent liant, engrais, etc.). 
    Pourquoi privilégier un produit naturel? 
    Les mélanges de paillis naturels deviennent, après +/- 12 semaines, un agent de fertilisation en se transformant en azote, en phosphore, en potasse et en éléments mineurs.  Dans les mélanges de synthèse, 60 à 80% de l’azote sert à la décomposition du bois au lieu de servir aux plants. 
    Attention si vous optez pour du paillis à base de bois car certains contiennent des métaux lourds.
  4. Sélection des semences : Il est possible d’utiliser des mélanges divers de plantes (gazon à repousse lente, prairie fleuries, etc..) adaptées au milieu.
  5. Application :  Un colorant naturel est généralement intégré au mélange pour permettre à l’applicateur de s’assurer une bonne couverture.
     
Lens-St_Remy
Cimetière de Lens-St-Remy hydroensemencé - crédit photo: Ville d'Hannut

Quelles sont les limites de cette méthode ?

Comme toute technique nouvellement adoptée, si vous choisissez de réaliser l’hydro-ensemencement vous-même (en investissant dans une machine), il faut quelque temps avant de s’approprier réellement la technique et faire une série d’essais/erreurs avant de trouver la formule (ajustement de la quantité de paillis/eau dans le mélange, meilleure période de semis, travail du sol préalable ou non, etc.) qui offre les résultats les plus satisfaisants.  Si l’on choisit de sous-traiter, on a plus de chance d’obtenir de bons résultats dès le premier essai, mais le coût sera plus important.

La technique est aussi dépendante des aléas climatiques.  Le semis est à éviter en cas de fortes sécheresses ou de gel. Des précipitations très importantes juste après le semis peuvent également avoir des répercussions sur l’uniformité de la couverture.

Quel est le coût de cette technique ?

Le coût de l’hydroensemencement varie fortement selon que l’on sous-traite la tâche à un entrepreneur ou que l’on acquiert la machine comme l’a fait récemment la commune d’Hannut. Si l’hydroensemencement est externalisé, le coût est estimé à +/- 1.5€/m².  

Le prix d’achat de la machine (hydroseeder) quant à lui, oscille entre  5000€ et >50000€ HTVA, en fonction du volume de la cuve, de la pression, de la présence d’un mélangeur ou encore de la puissance du moteur. En Belgique actuellement, il n’y a qu’un seul revendeur de machine d’ensemencement hydraulique.  Par contre, plusieurs entreprises offrent ce service.

Pour le semis dans les allées de cimetière, le réel gain est lié au fait qu’aucun travail du sol préalable n’est requis et que le mélange est directement projeté sur le gravier. Ensuite, en fonction du mélange de graines choisi, le prix d’un mélange de gazon classique peut être multiplié par 10 pour un mélange de prairie fleurie spécifique par exemple.

Retour d’expérience de la Ville d’Hannut  

hydroseeder
Hydroseeder acheté par la ville

La ville d’Hannut a choisi d’acheter la machine par souci d’économie.  En effet, la commune compte 18 cimetières au total et le coût estimé pour leur ensemencement hydraulique par une entreprise revenait à environ 60 000€.  Ils ont ainsi préféré acquérir une machine à +/- 10 000€ TVAC, et se sont procuré les différents matériaux (paillis de cellulose, colle, engrais, …).

Les premiers semis ont été réalisés en septembre 2020 et donnent de bons résultats. Cependant, les volumes d’eau, de paillis et autres éléments ont dû être adaptés par rapport à ce qui était recommandé par le revendeur car la machine se bloquait toujours.  Plusieurs réparations ont dû être effectuées.  Si c’était à refaire, ils aurait acheté une machine munie d’un mélangeur et aurait fait appel à un revendeur français qui avait plus d’expérience et qui proposait une démonstration, une formation des utilisateurs et un meilleur suivi. Malheureusement cela n’avait pas été possible administrativement.  

Six cimetières ont toutefois déjà été ensemencés cette année.  En effet, l’avantage d’avoir les ressources en interne permet de programmer plus aisément la mise en œuvre au moment adéquat, ce qui n’est pas toujours possible en externalisant les travaux (lenteur administrative, etc.).

 

Cet article a été précédemment publié dans l'Info0phyto de décembre 2020
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